ET DEMAIN ?

            Les temps que nous avons traversés ont été propices à la réflexion. Seul, en couple ou en famille, chacun s’est retrouvé face à lui-même, face à ses choix, face également à ses incohérences. L’Eglise, en tant que corps constitué de plusieurs membres, a vécu les événements comme anesthésiée. Le Médecin des âmes, le Christ Jésus, ne l’a pas abandonnée. Par la prière, peut-être plus intense qu’à l’accoutumée, les baptisés se sont sentis soutenus, accompagnés. Les assidus de la prière eucharistique ont souffert de ne plus recevoir entre leurs mains et dans leur chair, le corps du Crucifié-Ressuscité qui relève et sauve. Les prêtres, quant à eux, ont souffert de ne plus avoir une assemblée. C’est bien l’expérience d’une intervention chirurgicale que nous avons traversée. Le corps est là, mais endormi, presque inconscient de ce qu’il vit.

Et nous voilà dans la chambre du réveil, encore étourdis et engourdis. Le protocole sanitaire nous rappelle qu’il y a aussi le temps de la convalescence. Rien ne presse, laissons le kinésithérapeute nous dégourdir les jambes, affermir nos muscles. Chaque jour est nouveau et porte en lui la promesse du progrès. Mais, parce qu’il y a un mais, demain ne sera plus jamais comme hier. Ceux qui ont subi une opération savent bien que l’on garde les traces de ses blessures. L’Eglise peuple de Dieu, tout comme l’Eglise institution, est marquée au plus profond d’elle-même par ce qu’elle vient de vivre. Demain, il nous faudra affronter la vie avec plus de vérité, plus de lucidité, plus de courage et d’audace. La frappe chirurgicale a réveillé la conscience, que dans le corps Eglise il y a plusieurs membres et que chaque membre apporte sa spécificité… comme dit Saint Paul, le pied ne pourra jamais être la main et l’oreille ne pourra jamais être les yeux… et pourtant, sans les yeux, l’oreille ne peut se repérer dans l’espace et sans les pieds, la main ne peut étreindre sans se déplacer.

Au sortir de la salle de réveil et de réanimation, l’Eglise encore engourdie, commence à quitter son lit d’angoisse et se met à marcher vers ses frères et sœurs affligés, pauvres et désœuvrés. L’Eglise encore endolorie se lève pour témoigner de la force inouïe qu’est l’Esprit aux 7 dons qui vient au secours de nos étroitesses. Demain, l’opération sera un succès, si chacun accepte les efforts que nous impose le kinésithérapeute, qu’est le Christ Jésus. Réveillés dans la conscience de ce que nous sommes, osons témoigner de Celui qui appelle à partager sa gloire.

Stéphane, votre Curé !